Drouot fait de la résistanceMalgré la concurrence de Christie's et de Sotheby's, l'hôtel-Drouot a accru en 2003 son chiffre d'affaires de 5,5%. Un résultat qui doit beaucoup à l'exceptionnelle vente Breton.
 
  |  Paravent de la Savonnerie,
  1 350 000 €, Drouot-Richelieu,
  juin 2003, Choppin de Janvry.  |   
PARIS. Selon le bilan estimatif communiqué le 19 décembre par la direction de l'hôtel-Drouot, le chiffre d'affaires 2003 s'établit, pour les ventes d'objets d'art (c'est-à-dire les ventes organisées à Drouot-Richelieu et à Drouot-Montaigne) à 380 millions d'euros, en progression de 5,5% sur l'année précédente. Cette progression est largement inférieure à celle de certains des nouveaux concurrents comme Christie's (+ 40% à 80 millions d'euros) mais elle semble prouver que, si sa part du total se réduit immanquablement, le chiffre d'affaires de Drouot ne s'érode pas. Pour le président de Drouot-Holding, Georges Delettrez, cela illustre «la pertinence du modèle : un service sur mesure assuré par des maisons de ventes à taille humaine, la synergie avec un réseau d'experts indépendants et l'appui logistique de la holding Drouot et de ses services.» 
 
  
 
  |  Jean Arp (1886-1966), Femme,
  1927, relief en bois peint, prix :
  2 807 372 €, Drouot-Montaigne,
  avril 2003, Calmels-Cohen.  |   
Merci à Breton
  Un fait saute évidemment aux yeux : l'exceptionnelle vente Breton, organisée par la maison Calmels-Cohen et qui s'est étendue sur presque tout le mois d'avril, a représenté plus de 10% du total, avec un produit de 46 millions d'euros. Si le taux moyen d'invendus de Drouot dans son ensemble est descendu de 21% à 18%, on le doit en partie à cette vente-fleuve si contestée, qui a vu passer plus de 4000 lots. Encore plus significatif : c'est à cette occasion qu'ont été enregistrées, et de loin, les trois plus belles enchères de l'année : Femme, un relief en bois peint de Jean Arp à 2,8 millions d'euros (préempté pour le Centre Pompidou), Le Piège de Joan Miro, au même prix, et Les Amoureux (après la pluie) de Francis Picabia, à 1,8 millions d'euros (préempté pour le Musée d'art moderne de la Ville de Paris). 
 
  
 
  |  Jean Béraud (1849-1935), Réunion
  publique à la salle Graffard, 1884,
  huile sur toile, 506 730 € , 
  Drouot Richelieu, décembre 2003,
  Beaussant-Lefèvre.  |   
Vitalité en milieu de tableau
  En dehors de cet événement, on n'a vendu à Drouot que trois autres pièces à plus d'un million d'euros. Les deux premières proviennent de la collection François Arp, qui a bénéficié d'un effet d'entraînement puisqu'elle a été proposée peu de temps après la vente Breton et par la même maison, Calmels-Cohen : Grande tête, petit torse de Jean Arp, à 1,35 million d'euros (préempté pour le Musée de Strasbourg) et Tête Dada de Sophie Taueber-Arp, au même prix, (préemptée pour le Centre Pompidou). La troisième est un paravent de la Savonnerie adjugé en juin par l'étude Choppin de Janvry, lui aussi à 1,35 million d'euros. Ces rares têtes d'affiche montrent que si Drouot rencontre des difficultés à produire des enchères millionnaires, son point fort demeure le segment moyen. En 2003, outre ceux déjà mentionnés, 150 lots ont dépassé 150 000 euros. Avec quelques résultats intéressants : la réévaluation du peintre mondain Jean Béraud (Réunion publique à la salle Graffard à 506 000 euros chez Beaussant-Lefèvre) ou un record mondial pour une statuette de Bactriane à 711 000 euros chez Bailly Pommery. 
 
  
 
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