Koudelka, mis à nuDans le cadre des Rencontres de la photographie en Arles, une rétrospective est consacrée à l’œuvre du photographe.
 
  |  Prague Août 1968 Invasion par 
  les troupes du pacte de Varsovie 
  devant le quartier général de la 
  radio © Josef Koudelka - Magnum  |   
À l’origine, Koudelka était ingénieur. Né en Tchécoslovaquie en 1938, il a débuté dans la photographie dès la fin dès années 1950. Ses premières images, inédites jusqu’alors, témoignent de ses diverses expérimentations. Ainsi, les travaux présentés à l’Espace Van Gogh attestent que Koudelka sait déjà tout autant saisir un sujet que faire montre d’une formidable capacité d’abstraction visuelle. La partie centrale de l’exposition revient sur les deux séries les plus célèbres du photographe : Gitans et Prague. La première, commencée dans les années 1960 en Europe centrale, permit à Koudelka de faire connaître son style : à la fois synthétique (les conditions de vie de ce peuple peuvent être explicitées en une seule image) et poétique. La seconde, outre qu’elle constitue la représentation la plus juste du Printemps de Prague et de son écrasement par les chars soviétiques, lui valut de recevoir (anonymement, pour éviter des représailles politiques) le prix Robert Capa en 1969. Il fuit peu après son pays, et sera naturalisé français en 1987. 
 
  
 
  |  1966, Slovaquie, Straznice Festival 
  de musique Gipsy
  © Josef Koudelka - Magnum  |   
Dans le clair-obscur
  La présentation de Chaos, un choix d’images panoramiques de ces dix dernières années, est sans doute la plus surprenante de cette rétrospective. Empreintes de lyrisme, ces photographies évoquent de manière allusive les outils de destruction du monde actuel (pollution, guerre). Elles ont trouvé en l’église des Frères Prêcheurs (située sur les bords du Rhône et restaurée pour l’occasion) un écrin à leur mesure. Plongés dans la pénombre du lieu et accompagnés par une bande-son hypnotique, les grands tirages noir et blanc du maître dévoilent toute leur solennité. Dans ce lieu qui n’était plus accessible au public depuis la Révolution, un aspect essentiel de l’œuvre de Koudelka est mis en lumière : le dialogue permanent entre individualité et Histoire. 
 
  
 |   | Frédéric Maufras 10.08.2002 |   
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